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Les compagnies d’assurance se retrouvent en première ligne face aux conséquences dramatiques du dérèglement climatique.
Elles doivent dédommager les assurés pour les dommages causés par des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes et dévastatrices. Parmi ces événements, on peut citer les incendies (types mégafeux au Canada), les intempéries violentes comme les inondations à grande échelle, les glissements de terrain ou encore les dégâts sur les cultures.
Un secteur clé
Les compagnies d’assurance françaises font face au risque climatique de différentes manières. Elles évaluent le risque en fonction de l’empreinte carbone et des critères environnementaux et sociaux de leurs investissements. Elles prennent aussi en compte la localisation géographique des biens à assurer et évaluent les risques pour elles-mêmes. Contrairement au système bancaire, le risque climatique affecte tous ces paramètres.
L’augmentation de la fréquence et du coût des événements climatiques extrêmes impacte directement la tarification des polices d’assurance et peut remettre en question certaines couvertures. Pourtant les assurances sont-elles réellement à « plaindre » ? Pas certain si on lit le document mis en ligne par Carbone 4 de Jancovici :
Les assureurs jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le dérèglement climatique en limitant les investissements dans les secteurs non écologiques. Lorsqu’une assurance cesse de couvrir un secteur, celui-ci s’effondre souvent à cause de la hausse des primes, puis de l’impossibilité de réparer les dégâts sans assurance. Lorsque des assurances se retirent, l’État et les collectivités territoriales doivent intervenir pour compléter ou garantir la couverture des sinistres.
Sans assurance, le monde s’écroule, sauf pour les grandes fortunes ou entreprises qui peuvent encore se payer une couverture. Encore une fois, le dérèglement climatique touche d’abord les plus pauvres et les plus faibles.
Aucune obligation légale
Aux États-Unis et au Canada, certaines compagnies d’assurance refusent de plus en plus d’assurer les bâtiments situés dans des zones à risque climatique élevé. Les récents incendies de forêt au Canada illustrent cette tendance qui s’accentuera inévitablement avec la multiplication des catastrophes.
En Californie, de grandes compagnies refusent désormais d’assurer de nouveaux propriétaires immobiliers ou commerciaux. Elles justifient ce choix par l’inflation, le coût élevé de la construction et surtout les dépenses liées aux gigantesques incendies ayant détruit des millions d’hectares. Lorsque les primes encaissées ne suffisent plus à couvrir les sinistres d’une région, le système s’effondre.
Les assureurs avaient basé leurs prévisions sur un monde à +2°C en 2050, une température probablement atteinte dès 2040. On parle désormais de +4/5°C d’ici la fin du siècle. En ajoutant l’augmentation des prix des matières premières et de l’énergie, il devient évident que les assureurs seuls ne pourront pas faire face.
Ils se désengageront progressivement des régions trop exposées et des secteurs trop sensibles. Or, nous comptons sur eux pour rembourser au moindre sinistre. Pourtant, rien ne les oblige légalement à continuer d’assurer des dégâts qu’ils jugent trop importants. Du jour au lendemain, comme aux États-Unis, on peut se retrouver avec une maison irréparable ou une entreprise à l’arrêt.
Une cause d’effondrement
Sans être trop alarmiste, ce désengagement des assureurs représenterait une catastrophe mondiale. Le dérèglement climatique concerne l’ensemble du globe, et toutes les assurances finiront par être touchées.
Les gouvernements devront alors intervenir en créant un fonds ou une réassurance nationale. Certains pays ne le pourront pas ou peu. En France, avec une dette de 3000 milliards d’euros, l’État ne pourra pas compenser ces pertes sur le long terme.
Des assurances qui fuient face à la non-rentabilité et des États surendettés incapables de compenser, voilà deux raisons de craindre un effondrement du système assurantiel et de l’économie. Voici deux exemples concrets :
Si l’État contrôle et finance les indemnisations, il gère aussi la prévention des risques dans les zones touchées. Sans argent, aucun site ne sera réparé et restera vulnérable. Vivre dans ces régions deviendra impossible, entraînant expulsions et interdictions de construction.
Les particuliers subiront aussi de lourdes conséquences. Même indemnisés, ils devront souvent adapter leur bien immobilier aux nouvelles normes résilientes. Ces travaux, très coûteux, risquent de rendre leur logement invendable, ou pire, inhabitable s’ils ne peuvent pas les réaliser.
Encore une raison de s’inquiéter. On imagine souvent l’effondrement comme la destruction des écosystèmes par l’Homme. Pourtant, la nature est résiliente. L’espèce humaine, avec son mode de vie occidental, l’est beaucoup moins. Le retrait des assureurs face aux catastrophes climatiques pourrait bien être le premier pas vers l’effondrement de nos sociétés. Pourtant, nous ne changeons rien ou presque…