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Cela fait un quart de siècle que les Canadiens désespèrent de la reconstitution du stock de morue de Terre-Neuve mais la nature reprend ses droits et démontre sa résilience exceptionnelle.
En effet, depuis la fermeture de la pêcherie au début des années 1990, on constate enfin une remontée de la population. La morue abondait effectivement autrefois dans les eaux de Terre-Neuve. Cette ressource inestimable façonna l’économie et la culture de la région. Cependant, une surexploitation désastreuse provoquae l’effondrement des stocks. Comment l’activité humaine a-t-elle mené à cette disparition ? Comment le moratoire permet de rétablir une population proche de l’extinction ?
Une exploitation intensive
Depuis le XVIe siècle, les Européens et les Canadiens pêchent massivement la morue. Dans les années 1950, les captures atteignaient plus de 500 000 tonnes. L’arrivée des chalutiers industriels amplifia cette pression en s’approchant du million de tonnes capturé. Ce rythme effréné épuisa les stocks. Dès les années 1970, les captures commençaient déjà à chuter brutalement.
Le Canada tentq de réguler la situation en fixant des quotas à la fin des années 70. A la fin des années 80, les stocks semblaient se reconstituer. Les pêcheurs reprirent alors une activité plus intense. Pourtant, les rapports scientifiques signalaient déjà des anomalies. Les captures réelles dépassaient largement les limites autorisées. L’épuisement des populations de morues devint alors inévitable.
Une gestion politique défaillante
Les pêcheurs côtiers remarquaient cette baisse de leurs prises. On se rendit compte en parallèle d’une surestimation des stocks. En 1989, une étude officielle révèla que les captures excèdaient les prévisions. Pourtant, le gouvernement continua de minimiser ces avertissements pour des raisons économiques de court terme.
En 1990, le rapport Harris confirma la catastrophe imminente. Il préconisait alors une réduction drastique des quotas. Les autorités tardèrent à réagir. En 1992, la situation devint plus que critique. Un moratoire d’urgence fut instauré. Malgré ces mesures radicales, les stocks ne se reconstituaient pas et il faudra attendre près de trente ans pour voir réapparaître la Morue en quantité acceptable.
Un espoir pour la morue ?
La morue migre sur plusieurs voies et se regroupe près des côtes entre janvier et juin pour se reproduire. Entre 1995 et 2006, les chercheurs observent une quasi-disparition des zones de reproduction. Depuis 2010, les chalutages scientifiques détectent une augmentation de la population. En 2015, les stocks atteignent se reconstituent mais restent bien en dessous des tonnages d’avant 1992. Cela dit, pour une fois qu’une bonne nouvelle peut être annoncée, disons-le, c’est en nette amélioration!
Les chercheurs attribuent cette reprise à un réchauffement progressif des eaux de l’Atlantique Nord. Cette hausse de température favorise le retour du capelan, proie principale de la morue. Avec une meilleure alimentation, la reproduction s’intensifie et la population se stabilise.
Cependant, le chemin reste long. Pour assurer un retour durable, les scientifiques insistent sur la nécessité de maintenir les restrictions de pêche. La reconstitution des voies migratoires et l’atteinte de seuils de reproducteurs suffisants sont indispensables.
La pêche à la morue a timidement repris à Terre-Neuve en 2024, après plus de trois décennies de moratoire. Cependant, les stocks restent fragiles, et l’espèce est encore loin d’être sauvée. Les autorités canadiennes, prudentes, ont autorisé une reprise limitée, mais les quotas demeurent bien en deçà de ceux de l’époque florissante.
L’effondrement de la morue à Terre-Neuve résulte donc de choix humains. La pêche industrielle, l’absence de régulation stricte et les intérêts économiques ont mené à cet effondrement des populations. Cette tragédie illustre « à merveille » les dangers d’une exploitation excessive des ressources naturelles. Cependant, la nature montre aussi sa capacité de résilience, du moment qu’on l’aide un peu. Grâce à une meilleure gestion et à la prise en compte des écosystèmes marins et de la biodiversité, la morue pourrait retrouver une population stable. Son avenir dépend désormais de la volonté humaine à protéger durablement les ressources maritimes et à réguler la pêche dans ces zones riches.