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Les pesticides sont omniprésents dans notre environnement quotidien et ils exposent la population à des substances chimiques qui sont une menace réelle pour la santé humaine.
La France figure parmi les plus gros consommateurs européens. Cette exposition continue est à l’origine de maladies graves, notamment des cancers.
Définition et chiffres clés
Le mot pesticide vient de l’anglais pest, signifiant ravageur. Ces substances visent à éliminer des organismes jugés nuisibles. On les classe en plusieurs catégories : herbicides, insecticides et fongicides.
Les produits phytopharmaceutiques, utilisés en agriculture, représentent la majorité des ventes. En France, 90 % des pesticides sont consommés par le secteur agricole. Après avoir atteint un pic entre 2010 et 2018, les achats de substances non autorisées en agriculture biologique ont baissé et se stabilisent globalement autour de 45 000 tonnes.
Cependant, la répartition géographique de ces ventes reste très inégale : rapportées à la surface agricole utile, elles se concentrent dans les zones de grandes cultures et de cultures permanentes. On y trouve principalement la viticulture et l’arboriculture.
Malgré tout, dans le monde, la demande est croissante. D’après la FAO, les agriculteurs ont utilisé ces dernières années plus de 3 millions de tonnes de substances actives, soit une augmentation de plus de 10 % par rapport à 2010 et près du double du volume enregistré en 1990.
Dans le monde, les exportations sont massives avec des pays producteurs comme la Chine qui domine le marché.
Une contamination généralisée
Les pesticides contaminent l’environnement par différentes voies. Les sources incluent les traitements agricoles, les infrastructures (routes, rails), les produits domestiques et le traitement du bois. Depuis 2017, des interdictions limitent leur usage dans les espaces publics et chez les particuliers.
Eaux et sols sous pression
Environ 80 % des eaux souterraines contiennent des pesticides. Un quart des points mesurés dépasse le seuil réglementaire. Près de la moitié des substances retrouvées sont interdites. La contamination des eaux de surface est également élevée. Plus de 80 % des points de mesure dépassent au moins une fois le seuil de 0,1 µg/l (limite de qualité pour chaque substance de pesticide et de métabolite pertinent fixée par l’arrêté du 11 janvier 2007). Dans les Antilles, le chlordécone, qui fait souvent l’actualité, reste une source majeure de pollution.
Les sols ne sont pas épargnés puisque, là aussi, environ 80 % des échantillons de prairies et cultures testés sont positifs.
Un air saturé
L’air extérieur contient aussi de nombreux pesticides. On y détecte entre 50 et 100 substances différentes chaque année. Les principaux sont le glyphosate, le chlorothalonil, le prosulfocarbe, le lindane ou encore le folpel.
En 2018, l’Anses, en collaboration avec l’Ineris et les AASQA, a lancé la Campagne nationale exploratoire des pesticides. Réalisée sur 50 sites pendant un an, elle a permis de mesurer 75 substances, dont 70 ont été détectées, avec des pics de concentration pour certaines comme le folpel ou le prosulfocarbe.
Les résultats mettent en évidence des variations saisonnières liées aux périodes de traitement agricole, mais peu de différences significatives entre zones rurales, périurbaines et urbaines. Cette campagne constitue un premier pas vers une surveillance nationale de la pollution de l’air par les pesticidesafin de mieux évaluer les risques pour la population.
L’intérieur des habitations
Les foyers français utilisent fréquemment des pesticides. L’étude Pesti’home révèle que 75 % des ménages en utilisent, souvent des insecticides pyréthrinoïdes. Un quart des foyers stocke au moins un produit interdit.
Les résidus se retrouvent dans l’air et les poussières. Des études dans des logements et des écoles ont montré la présence de substances comme la perméthrine, le lindane, le DDT et des organophosphorés.
Une chaîne alimentaire sous surveillance
Les pesticides atteignent directement notre assiette. En 2016, 6,4 % des échantillons d’aliments analysés dépassaient les limites maximales autorisées. Plus de 35 % des produits alimentaires analysés dans l’étude EAT2 contiennent au moins un résidu détecté.
Cela concerne aussi les produits pour enfants. Dans l’étude EATi, 67 % des échantillons de produits destinés aux enfants contenaient un résidu. Aucun dépassement inquiétant n’a été observé, mais ces études ne prennent pas en compte les effets des mélanges de pesticides (« effet cocktail »).
Proximité des zones agricoles et lieux de vie
Des études ont tenté d’évaluer l’impact de la proximité avec les cultures. Plusieurs recherches françaises et européennes montrent une concentration plus élevée de pesticides près des zones agricoles. Cependant, les résultats restent variables selon les substances, les saisons et les méthodes d’application.
Des études en cours cherchent à établir un lien plus clair entre proximité agricole et risques de santé. Ces recherches intègrent des données géographiques, des historiques résidentiels et des mesures environnementales.
Pesticides et risques de cancer
Selon l’Organisation mondiale de la santé, l’exposition aux pesticides serait responsable chaque année de 20 000 décès dans le monde, ainsi que de 3 millions de cas d’empoisonnements aigus. D’autres estimations font état de 25 millions de cas annuels d’intoxication rien que dans les pays en développement. Une grande partie de ces incidents mortels ou toxiques est liée à une mauvaise gestion des déchets de pesticides et de leurs contenants. Il est courant, par exemple, que des récipients vides soient réutilisés pour stocker de l’eau ou des aliments. Lorsqu’ils sont éliminés sans précaution, les pesticides peuvent contaminer l’air, l’eau et les sols, exposant les populations humaines, le bétail, les poissons et la faune sauvage à des risques graves d’intoxication.
Certaines études montrent un lien entre l’exposition domestique aux pesticides et des cancers chez l’enfant. Cela inclut un risque accru de leucémies et de tumeurs cérébrales, surtout quand les pesticides sont utilisés pendant la grossesse.
Dans le milieu professionnel, les agriculteurs sont les plus exposés. Ils manipulent les produits sur de longues périodes. Ces risques concernent aussi les ouvriers de voirie, les employés de l’industrie chimique et les agents d’entretien des espaces verts.
Des études nord-américaines ont observé des cancers comme le lymphome non hodgkinien, des tumeurs du cerveau, des cancers du poumon et de la prostate.
Les pesticides représentent donc une menace réelle pour notre santé et l’environnement. Leur omniprésence dans l’eau, l’air, les sols et les aliments multiplie les voies d’exposition. Même si des mesures réglementaires existent, les risques d’exposition chronique persistent. Pour protéger notre santé, il faut repenser notre usage des pesticides dès aujourd’hui, notamment en France où leur usage est plus que généralisé.