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Le soja est souvent considéré comme une alternative végétale intéressante pour remplacer la viande dans l’alimentation humaine ou animale et ceci malgré l’impact sur l’environnement et la santé humaine.
En effet, malgré ses qualités nutritionnelles, il est loin d’être l’aliment idéal. Les raisons médicales, écologiques et économiques doivent être prises en compte pour mieux comprendre notre rapport à cet aliment omniprésent mais potentiellement dangereux.
Production & utilisation du soja
Sans prêter attention aux étiquettes, il est fort probable que vous consommiez du soja quotidiennement sans le savoir. Il est présent dans de nombreux produits transformés tels que les pâtes, la semoule, le chorizo ou la brioche industrielle.
Riche en protéines, cette légumineuse est principalement cultivée en Amérique du Sud (Brésil et Argentine) ainsi qu’aux États-Unis. Toutefois, la production intensive a entraîné une déforestation massive en Amazonie. Au Brésil, une surface dépassant deux fois celle de la France est désormais consacrée à cette culture.
De plus, plus des deux tiers du soja mondial sont génétiquement modifiés et traités avec des pesticides. Ces substances représentent alors un risque réel pour la santé et l’environnement. La culture du soja demande aussi énormément d’eau, nécessitant une irrigation deux fois plus importante que celle du maïs.
Le transport du soja constitue une part majeure des échanges commerciaux mondiaux. Les graines circulent massivement entre l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud, la Chine et l’Europe. En France, la production de soja non OGM est faible (300 000 tonnes), tandis que les importations atteignent près de 3 millions de tonnes. Ce soja, souvent OGM, est traité avec des pesticides autorisés en Amérique du Sud mais interdits en Europe.
Le soja et le bétail
Le soja est principalement utilisé pour nourrir le bétail. Environ 80 % de la production mondiale est destinée à l’alimentation animale sous forme de tourteaux de soja. Après l’interdiction des farines animales en Europe, les éleveurs se sont tournés massivement vers le soja comme source de protéines pour leurs élevages.
Les grandes exploitations intensives, en particulier dans l’élevage de porcs et de volailles, dépendent fortement du soja importé. Cette dépendance renforce l’empreinte carbone de la filière, car le transport du soja sur de longues distances augmente considérablement les émissions de CO2. Par ailleurs, l’utilisation massive de soja OGM et traité aux pesticides dans l’alimentation animale soulève des questions sur la qualité des produits finis que nous consommons. Nous interdisons ces produits en France mais nous les consommons via nos importations, va chercher la logique !
Une alternative serait de développer des cultures locales de protéines végétales, comme les pois, le lupin ou la luzerne, pour réduire cette dépendance aux importations et limiter l’impact environnemental de l’élevage. Encourager des modèles d’élevage plus extensifs et durables permettrait de diminuer la pression exercée sur les terres agricoles d’Amérique du Sud et de favoriser des pratiques plus respectueuses de l’environnement.
Le soja et la santé
Malgré ses bienfaits nutritionnels, le soja est donc très loin de l’aliment miracle. Il contient des phyto-oestrogènes, qui peuvent interagir avec les hormones féminines. Cela peut poser problème pendant la grossesse, l’allaitement et la petite enfance. Par ailleurs, il peut être responsable de troubles de la thyroïde. Il est donc déconseillé aux personnes ayant une pathologie thyroïdienne, aux femmes enceintes et aux jeunes enfants.
Pour les autres, aucune contre-indication majeure n’existe. Le soja peut même aider à réduire le taux de cholestérol et fournir des protéines végétales essentielles. Un autre point de controverse réside dans son mode de production. La majorité du soja consommé provient de pays utilisant des pesticides en quantités bien supérieures aux normes européennes. Les conséquences sanitaires de ces pratiques restent incertaines.
Il y a peu, dans un rapport, l’Anses a recommandé d’exclure le soja des repas en restauration collective à cause de sa forte teneur en isoflavones, nocives en grande quantité. Elle fixe une limite quotidienne d’isoflavones. En attendant une réduction des isoflavones par les industriels, les experts conseillent de limiter le soja et de privilégier les pois chiches, lentilles ou haricots blancs.
Enfin, la question des OGM reste préoccupante. Leur culture est interdite en Europe, à quelques exceptions près, mais le soja OGM est largement importé. Bien qu’aucune étude ne prouve d’effets graves sur la santé humaine, cela soulève des questions économiques et politiques. L’interdiction des OGM pour les agriculteurs européens, tandis que l’importation de soja génétiquement modifié continue, relève d’une incohérence politique.
Le soja et l’environnement
Les conséquences environnementales de la culture du soja sont indéniables. La déforestation massive, la perte de biodiversité et l’exploitation excessive des ressources en eau en sont les principales.
Les agriculteurs ont longtemps importé du soja pour nourrir leur bétail sans prendre en compte son impact sur l’Amazonie. Les consommateurs, cherchant une alternative à la viande, et les industriels, privilégiant le soja pour des raisons économiques, aggravent la situation. Les politiques, signant des accords de libre-échange avec des pays aux normes environnementales faibles, participent également au problème.
Le transport du soja d’un continent à l’autre génère aussi une empreinte carbone catastrophique. Il est donc crucial de trouver des alternatives durables. Parmi elles, l’augmentation des cultures locales de colza, tournesol et légumineuses comme le pois, le lupin ou la luzerne semble pertinente.
Malheureusement, les agriculteurs bio engagés dans cette transition se heurtent à de grandes entreprises et à des réglementations dépassées. Ces dernières ont laissé le monopole du soja aux Américains et à leur influence en Amérique du Sud.
Une absence de volonté politique
Nos dirigeants prônent l’interdiction des OGM en Europe, mais importent massivement des céréales génétiquement modifiées. Ils interdisent certains pesticides, mais permettent l’importation de produits intensivement traités. Ils prétendent lutter contre le dérèglement climatique, mais délocalisent notre production de CO2. Cette incohérence totale nuit à la crédibilité des politiques environnementales.
Depuis plus de 20 ans, peu de progrès ont été réalisés malgré l’ampleur du problème. La culture intensive du soja continue de provoquer la déforestation, la destruction de la biodiversité et la perte de terres agricoles. Sa consommation excessive entraîne aussi des risques pour la santé, tels que des déséquilibres hormonaux et des allergies.
Malgré ces constats, la culture et l’usage du soja ne cessent d’augmenter. Il est omniprésent dans les produits transformés et massivement cultivé pour l’exportation. Cela montre une absence de volonté politique pour s’attaquer au problème.
Encore une fois, les discours sont beaux, les promesses alléchantes, mais les actes restent insuffisants. L’heure est venue de passer du « bla bla bla » à l’action.