La France sacrifie l’écologie, la grande victime des coupes dans le budget, sur l’autel des économies.
Après les restrictions de 2024, le budget français pour 2025, finalisé jeudi 30 janvier en commission mixte paritaire (CMP), prévoit à nouveau un milliard d’euros d’économies pour le ministère de la Transition écologique.
Face à un déficit public bien supérieur aux prévisions, les gouvernements successifs, de Michel Barnier à François Bayrou, ont engagé une réduction « massive » des dépenses publiques. L’un des grands perdants de cette politique est le budget consacré au ministère de l’Écologie.
Pas la première fois
Déjà fin 2024, l’opposition dénonçait ces coupes budgétaires.
Malgré de nombreuses mises en garde, notamment sur l’urgence climatique, ces réductions affectent des dispositifs clés comme MaPrimeRénov’, l’électrification automobile ou encore le développement des énergies renouvelables.
Pourtant, le rapport Pisani-Ferry-Mahfouz estimait dès 2023 que la transition écologique nécessitait plus de 60 milliards d’euros par an, dont la moitié à la charge de l’État. Deux ans plus tard, cet objectif semble définitivement abandonné.
À cela s’ajoute la possible réintroduction de l’acétamipride en France, après le vote du Sénat en faveur de son retour dérogatoire. Cet insecticide de la famille des néonicotinoïdes avait été interdit en 2018 en raison de sa dangerosité pour les pollinisateurs. Le Sénat justifie cette décision en s’appuyant sur le fait qu’il reste autorisé dans d’autres pays européens.
Des mots, toujours des mots
Ce recul de l’écologie dans le budget de l’Etat, ainsi que les critiques visant des organismes clés de la préservation du vivant, comme l’OFB/Office Français de la Biodiversité, ne laissent rien présager de bon pour l’avenir.
Cela met surtout en évidence le décalage entre les discours politiques et la réalité des actions menées.Depuis des années, les annonces en faveur de l’écologie relèvent davantage d’une communication mensongère que d’une véritable volonté d’agir. On se demande même si nos politiques ont une réelle compréhension des enjeux. Nous donnons des leçons aux États-Unis, et pourtant, le président américain proclame un « état d’urgence énergétique » pour stimuler la production d’hydrocarbures et faire baisser le coût de l’énergie : une absurdité. Mais nous ne faisons guère mieux en laissant la situation se détériorer. Nous ne faisons pas mieux en refusant d’engager les investissements indispensables pour prévenir les catastrophes à venir.
Face à ces reculs successifs, la transition écologique apparaît plus que jamais reléguée au second plan. Alors que l’ensemble de la communauté scientifique ne cesse de nous alerter sur l’urgence de la situation, nous avançons à tous petits pas. Or, on le sait, ne rien faire aujourd’hui coûtera bien plus cher dans quelques années, lorsque nous serons encore davantage au pied du mur…