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Quel cynisme que de faire croire que la politique et le capitalisme agissent dans l’intérêt des plus pauvres.
Nos gouvernants n’ont cessé de promouvoir le pouvoir d’achat en allant toujours vers le prix le plus bas. C’est un énorme mensonge car, on le constate, le système n’est pas tenable. Ce maintien apparent du pouvoir d’achat s’est fait surtout grâce à une dégradation de la qualité des produits que nous consommons. Nous sommes aussi devenus totalement dépendants de pays qui ne veulent en aucun cas notre bien. Au passage, nous avons laissé une grande partie du tissu industriel français se dégrader depuis près de 50 ans. Pénalisant doublement les plus pauvres …
Toujours moins cher
Le système capitaliste pousse à produire toujours moins cher pour la quasi totalité de la population tout en gardant le luxe et la qualité, par définition cher, pour les plus riches. Les entreprises délocalisent, automatisent et rognent sur la qualité. Depuis les années 80, politiques et acteurs économiques ont délocalisé productions et pollutions industrielles dans des pays qui, maintenant, peuvent nous contraindre sans même nous déclarer une guerre. Quand on pense que tous ces décideurs sont décrits commes « plus intelligents » car sortis des grandes écoles. Laissez-moi rire!
Nous, le peuple, le consommateur, avons été éduqués pour acheter toujours au prix le plus bas, bien souvent du bas de gamme évidemment. Cette logique politique et économique prétend favoriser le pouvoir d’achat. En réalité, elle abaisse le niveau de vie, elle nivelle les salaires par le bas. Ce sont aussi bien souvent plus de dépenses cachées du fait d’une qualité moindre.
Une stratégie destructrice
Les délocalisations réalisées massivement depuis cinquante ans déciment l’industrie des pays « riches ». Des milliers d’emplois disparaissent, c’est plus de précarité et une classe moyenne étouffée. Etouffée par les impôts rendus nécessaires avec le manque de rentrées fiscales liées à la destruction de filières complètes … un comble. Les gouvernements laissent faire. Ils prétendent que le marché se régule tout seul. Pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes: l’industrie textile, par exemple en France, a perdu 90 % de ses emplois depuis les années 80. La pollution générée par la fast-fashion a explosé quant à elle!
Les plus pauvres d’entre nous n’ont d’autre choix que d’acheter du bas de gamme pas cher. C’est valable dans l’industrie textile, l’agriculture … Pourtant, ce sont ces mêmes personnes qui voient leur emploi menacé par ces délocalisations. Ce sont ces mêmes personnes qui se retrouvent avec des problèmes de santé liés à une consommation d’aliments de mauvaise qualité ou ultra-transformés.
Alors, quand on entend un ministre qui répète en boucle que les petits prix, c’est la défense du pouvoir d’achat des français, il ment … et il le sait!
Une pollution massive
Les usines asiatiques tournent à plein régime. Les normes environnementales sont ignorées. Rivières polluées, air toxique, conditions de travail honteuses : tout est sacrifié sur l’autel du profit. Dans l’industrie vestimentaire, on se souvient du Rana Plaza au Bangladesh qui a tué plus de mille ouvriers, la fast-fashion prospèrant sur leur dos.
En RDC, les mines de Cobalt détruisent l’environnement, tuent les populations pour produire un métal indispensable à la fabrication des batteries de véhicules électriques réservés à une toute petite fraction de la population.
Nos agriculteurs, pour la grande majorité, tendent autant qu’ils le peuvent vers une agriculture de qualité. Ils se voient pourtant contraints de mettre la clé sous la porte. Tout cela car nous importons des millions de tonnes de denrées alimentaires de piètre qualité et donc moins chères. Avec, au passage une énorme pollution liée au transport et une dégradation de la santé des consommateurs du fait de l’utilisation d’une chimie mortelle lors de la production ou du transport.
En tant que consommateurs, nous fermons trop souvent les yeux, encouragés par un marketing cynique et destructeur.
Equité sociale et écologie
Les multinationales maximisent leurs marges, coûte que coûte. Les politiques laissent faire avec comme conséquences la précarisation des travailleurs et la destruction de la planète. On pourrait penser qu’ils se sont trompés. Mais non, c’est une réelle volonté politique et économique. Ils prétendent défendre le pouvoir d’achat des plus faibles mais c’est tout le contraire en réalité qui se passe. Les délocalisations détruisent ou précarisent l’emploi en France et dégradent le pouvoir d’achat des citoyens qui se retrouvent contraints d’acheter les produits bas de gamme et dangereux fournis par de grandes multinationales.
Les plus riches ont le choix d’acheter local, de sélectionner uniquement des produits de qualité, de penser à leur santé. Quel beau système équitable que le capitalisme qui, lorsque tout va bien enrichit les plus favorisés et qui, lorsque tout va mal, fait payer les plus faibles...
L’écologie n’a aucun intérêt dans ce système et peu importe les conséquences sur l’environnement de cette consommation débridée. Peu importe que les plus faibles soient là-aussi les plus impactés par toutes ces productions délocalisées pour produire à bas coût. Il suffit de regarder ce qui se passe en France en ce moment. On rabotte les financements liés à la transition énergétique, au bio etc … Par contre, lorsqu’un problème lié à la défense du territoire se pose, immédiatement on entend des voix proposer de travailler plus longtemps pour payer « l’effort de guerre« . Prétexte ou pas, c’est totalement indécent. Ni vous ni moi ne sommes coupables, même si nous avons notre part de responsabilité. Ce sont bien ceux qui ont eu et ont toujours le pouvoir qui nous ont amenés à cette situation. On nous demande maintenant de payer la facture. Comme si nous ne l’avions déjà pas assez fait!
Alors oui, il faut réguler, produire localement, consommer durable, favoriser les circuits courts, la sobriété et développer l’économie circulaire. Mais ceux qui profitent du système font tout pour empêcher la généralisation de ces pratiques et se réservent cette économie vertueuse et saine. Pourtant, cette alternative est la seule qui permettrait un avenir plus juste, plus respectueux des travailleurs et de la planète. Chaque achat deviendrait alors un vote. Choisir des produits locaux et durables, c’est malgré tout refuser de cautionner cette machine cynique. Le changement dépend aussi des choix quotidiens que nous faisons … lorsque nous le pouvons. Encore faudra-t-il attendre un effondrement, quel qu’il soit, pour s’en rendre compte et peut être envisager de construire un modèle et un monde plus juste. Je me plais à y croire en tous cas … En attendant, ce cynisme économique et politique continue d’affaiblir les plus pauvres.