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La COP 16 sur la biodiversité s’est tenue l’année dernière en Colombie avec de grands espoirs. Les pays du monde entier se sont réunis pour discuter des mesures à adopter afin de freiner l’effondrement de la biodiversité.
Pourtant, cette conférence s’est achevée sur un échec marquant. Pourquoi la préservation de la biodiversité est-elle si cruciale ? Quels étaient les enjeux de cette COP 16 ? Pourquoi ces discussions ont-elles abouti à une impasse ? Retour sur une conférence aux résultats mitigés.
Une COP sur la biodiversité ?
Les Conférences des Parties ou COP sur la biodiversité sont des sommets internationaux organisés sous l’égide de la Convention sur la Diversité Biologique. Elles rassemblent ainsi les gouvernements pour discuter de la protection des écosystèmes, des espèces, des ressources génétiques etc. Contrairement aux COP climat, qui traitent des émissions de gaz à effet de serre, ces conférences se concentrent sur la préservation des formes de vie sur Terre. La COP 16 avait pour objectif de mettre en œuvre l’accord de Kunming-Montréal, qui prévoit de protéger 30 % des terres et des océans d’ici 2030.
La biodiversité ne se limite pas aux grands mammifères. Elle englobe aussi les insectes, les champignons et les micro-organismes, essentiels au bon fonctionnement des écosystèmes. Sans eux, la pollinisation, la fertilité des sols et la régulation du climat seraient compromis. Les forêts captent le CO2, les zones humides préviennent les inondations et les océans absorbent une partie de la chaleur excessive de l’atmosphère. Malgré cela, la déforestation, la pollution et le dérèglement climatique mettent en danger cette biodiversité.
Ce qui a été discuté lors de la COP 16
Les discussions de la COP 16 ont porté sur plusieurs sujets clés :
- Le financement : l’accord de Kunming-Montréal prévoyait des dizaines de milliards de dollars par an pour la protection de la biodiversité. Cependant, seuls quelques centaines de millions de dollars ont été promis. Restent aussi en suspens les milliards de transferts des pays développés vers les pays en développement…
- Le partage des bénéfices : les pays du Sud détiennent une grande partie des ressources naturelles. Ils réclament une meilleure répartition des profits générés par ces richesses. Des délégations comme le Canada et le Chili ont salué un accord historique, tandis que le représentant du Brésil a rappelé le bras de fer habituel sur cette question, pointant les pays du Nord qui « pillent les richesses des pays en développement ».
- Les peuples autochtones : un nouveau fonds, le « Fonds Cali« , devrait permettre de compenser l’exploitation des ressources génétiques des pays en développement. Toutefois, les entreprises ne sont pas obligées d’y contribuer, ce qui limite son impact. L’émotion était immense pour les peuples autochtones, venus en grand nombre assister à ce moment qui « marquera l’histoire de la COP ». Cette reconnaissance des peuples autochtones était un engagement qui est devenu une promesse tenue reconnaissant la nécessité constante de leur participation aux débats et décisions.
Un échec annoncé
Malgré les débats et les propositions, la COP 16 a été marquée par un échec retentissant. L’absence de consensus sur le financement a provoqué la désorganisation des négociations. De nombreux délégués ont quitté les discussions avant la fin du sommet, empêchant toute décision concrète. L’opposition entre pays riches et pays en développement s’est accentuée. Les premiers refusent la création d’un nouveau fonds sous l’ONU, tandis que les seconds jugent inefficace le système actuel.
L’adoption d’un texte fondamental qui élève la biodiversité au même rang que la décarbonisation et le dérèglement climatique a tout de même marqué cette soirée. Ce geste symbolique revêt une importance particulière à l’approche de la COP30. Celle-ci se tiendra l’an prochain à Belém, au Brésil, poursuivant ainsi l’engagement de l’Amérique latine sur ces enjeux. Rappelons que l’IPBES souligne que le dérèglement climatique constitue l’une des principales causes directes du déclin de la biodiversité.
La COP 16 a mis en lumière l’urgence de la situation et les intérêts divergents des pays participants. Sans financement suffisant et sans réelle volonté politique, la biodiversité continuera de décliner. Or, on constate tous les jours les conséquences de cet affaiblissement dans de nombreux domaines comme l’agriculture. Les avancées sur le fonds pour les peuples autochtones restent positives, mais elles ne suffisent pas à compenser l’absence de mesures concrètes. Si rien ne change, l’objectif de protéger 30 % des terres et des océans d’ici 2030 semble compromis. Cette COP 16 marque donc un échec qui risque de peser lourd sur l’avenir de la biodiversité mondiale. Rendez-vous à Erevan en Arménie pour la COP17 en 2026…